Comme tous les samedis depuis plus de deux mois, les opposants au passe sanitaire devaient se réunir à Bastia et Ajaccio pour faire entendre leur voix. Mais les autorités dénoncent des manquements répétés à la loi. Et interdisent la manifestation du 9 octobre. Ce qui ne va pas apaiser le climat...
"En raison des risques pesant sur l’ordre public et la santé publique, la manifestation « anti passe sanitaire » non déclarée et annoncée pour le samedi 9 octobre est interdite par arrêté préfectoral".
Le communiqué de presse est clair. Ce week-end, les opposants au passe sanitaire ne pourront pas manifester leur désaccord avec les mesures du gouvernement.
Si c'était le cas, ils s'exposeraient à une amende de 135 euros, voire, en cas de récidive, à six mois d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende.
Non respect des obligations
La décision risque d'être mal vécue par les manifestants. En Corse comme ailleurs, ils n'hésitent pas à dénoncer le comportement "liberticide" du gouvernement français. Pour eux, cette interdiction risque fort d'être perçue comme une nouvelle atteinte à leurs libertés.
Pour justifier sa décision, la préfecture de Corse rappelle que "depuis le mois de juillet, plusieurs manifestations ont été organisées", et que "les participants à ces rassemblements n’ont respecté aucune de leurs obligations en la matière malgré les rappels réitérés des autorités".
Selon les autorités, pas de déclaration préalable, pas de port du masque, pas de respect des mesures d'hygiène et de distanciation.
Comme le rappelle le communiqué de presse lui-même, les manifestations se déroulent dans de telles conditions depuis près de trois mois. Sans qu'aucune d'entre elles n'ait été interdite.
On peut donc imaginer que l'altercation, mercredi 6 octobre, entre un journaliste et photographe de Corse-Matin et quelques opposants au passe, n'est pas étrangère à l'arrêté pris par la préfecture.
Cette dernière n'en fait pas vraiment mystère, puisqu'elle évoque ouvertement la scène : "récemment, un journaliste du journal Corse-matin a été pris à partie et agressé par des manifestants lors d’un rassemblement contestant la mise en œuvre du passe sanitaire".
Reste maintenant à savoir si cette interdiction sera respectée par un mouvement qui conteste clairement l'autorité de l'Etat. Et si c'était le cas, par quels autres biais ce mouvement parviendra-t-il à faire passer son message...